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XXI - Page 6 sur 23 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XXI

Ce soir-là Pol Pot et Khieu Samphân dînent ensemble. Ils ont appris dans la matinée la chute de Phnom Penh. Depuis, ils suivent de près l’évolution des événements à la radio. Pas de félicitations, pas de repas somptueux, pas d’invités. Seulement deux amis dans la douceur de la nuit, dans cette hutte perdue dans la jungle cambodgienne au sud d’Oudong, l’ancienne capitale royale du Cambodge. Ils pressentent les lendemains qui chantent : sept cents ans d’histoire cambodgienne, sept cents ans d’humiliation s’achèvent, un avenir plus glorieux qu’Angkor se dessine.

– Comment va Ponnary ?

– Elle est calme ce soir, les sédatifs lui font du bien.

La tension de ces derniers temps a été si forte que la pauvre femme a définitivement basculé dans un autre univers, un monde terrifiant où triomphent Lon Nol, les Américains et les Vietnamiens. Jamais elle ne saura que Phnom Penh est entre leurs mains. C’est toujours triste quand les combattants de la première heure tombent le jour de l’ultime bataille.

À Pékin, Sihanouk broie du noir. La délégation cambodgienne a organisé une petite fête et il n’a pas été convié. Tard, en soirée, Zhou Enlai a fait un crochet pour le féliciter, cela l’a touché, les Vietnamiens n’ont pas eu cette délicatesse.

– C’est moins gai chez moi qu’à la mission khmère. Veuillez pardonner ma tristesse, je devrais pourtant me réjouir de la chute de Phnom Penh.

– Vos compatriotes ne voient que la victoire de leurs armes, de leurs combattants au sol, mais c’est aussi celle de la diplomatie, c’est la vôtre. La capitale est tombée sans effusion de sang.

Le Prince regarde le vieux chinois. Ignore-t-il la lettre de Long Boret ?

– Ce n’est en tout cas pas grâce à monsieur Ieng Sary. Les républicains avaient accepté de capituler et attendaient mes ordres, il a insisté pour que je rejette cette ultime proposition. Maintenant, il ne veut pas que je prenne la parole pour annoncer au monde la chute de Phnom Penh.

Zhou Enlai se sent las des jérémiades de son ami. Il est malade comme Mao. Une génération est en partance et l’avenir de la Chine est plein d’incertitudes. Pourtant, il fait un effort, sa voix est grave.

– C’est leur victoire. Ils ont utilisé votre nom, mais ils ont assumé tous les combats. Vous le saviez quand vous avez accepté de créer le FUNK. Vous avez votre revanche et eux le pays.

– Justement, j’en suis privé. On m’interdit d’annoncer au monde que le Cambodge est libéré. Je voudrais seulement laver mon honneur, puis je leur laisserai le pouvoir comme promis. D’ailleurs, je souhaite le faire dès à présent.

– Hélas, une démission actuellement serait prise pour une désapprobation de ce qui se fait à Phnom Penh. En fait, toute intervention de votre part risquerait de nuire à la révolution. Les journalistes vont être à votre recherche et décliner tout interview est impossible, on interpréterait cela comme un malaise au sujet de l’évacuation des villes. Le plus simple est que vous alliez « fêter votre triomphe » en passant quelque temps en Corée, à Pyongyang, chez Kim Il Sung, loin de tout reporter.

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