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IV - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

IV

1940 – Le Japon en Indochine

En ce mois de juin 1940, Monireth avait lui aussi terriblement chaud, mais le temps était sec, il n’y avait pas un nuage dans le ciel de France. Dès que la guerre avait été déclarée entre Paris, Londres et Berlin, il n’avait pas eu l’ombre d’une hésitation et il s’était engagé dans la légion. Ayant fait Saint-Cyr, le voici lieutenant avec sous ses ordres des indigènes venant d’Extrême-Orient, d’Afrique du Nord, ainsi que des Espagnols et même des Allemands. Il avait toutes les qualités d’un soldat, patience et obéissance. S’il n’appréciait pas du tout la façon dont les alliés conduisaient les combats, il ne le montrait pas. Il avait vu en Asie les Japonais mener leur guerre, la victoire était toujours pour celui qui attaquait, qui était le plus mobile. La France s’était trompée d’époque : elle avait construit la ligne Maginot. Imprenable sans doute ! mais son armée se trouvait enterrée, incapable d’initiative. L’Allemagne avait tranquillement absorbé la Pologne, puis rapatrié ses troupes sans qu’à l’Ouest, on ait eu les moyens de frapper.

En ce début d’été, les boches étaient passés à l’offensive. Manœuvrant à leur guise, ils réussirent à piéger puis à détruire le gros des forces anglaise et française dans le nord de la France en trois semaines. Le généralissime Gamelin, en pleine campagne, fut relevé de ses fonctions pour incompétence et remplacé par Weygand. Celui-ci organisa dans la hâte, avec les unités restantes, un nouveau front avec des centres de résistances, une défense en hérisson. Le lieutenant Monireth et sa troupe se positionnèrent sur l’Aisne, aux environs de Soissons, avec un seul mot d’ordre, « se battre jusqu’à la mort », et un objectif, plus stratégique, donner le temps à la sixième armée en retraite de se reformer derrière cette ligne. Les premières escarmouches eurent lieu début juin et l’ennemi fut tenu à distance. Bientôt, il apprit que, là-haut, du côté de Dunkerque, le corps expéditionnaire britannique avait réussi à fuir par la mer. Près d’un demi-million de combattants qui se retiraient du champ de bataille au grand désespoir de ceux qui restaient ! Après le 4, la trahison consommée[1], l’armée allemande tout entière put se porter contre la ligne Weygand et, le 6, le rapport de forces devint trop inégal. Les fossés antichars furent rapidement comblés. Monireth, hébété, voyait ses hommes lutter sans aucune chance de vaincre. Sa troupe fut hachée menu. Autour de lui, on se battait avec la rage du désespoir. Il n’avait pas besoin de donner des ordres, personne ne reculait, personne ne songeait à se rendre. Ses compagnons n’étaient pas français, ils aimaient la France. Soudain, il aperçut la tourelle d’un tank tourner son canon dans sa direction. Incapable de réagir, épuisé moralement, physiquement, il ne tenta pas d’échapper à son destin, il fixa l’instrument de sa mort comme pour le défier. La dernière chose qu’il entendit fut le tonnerre.

Quand il se releva, il faisait nuit noire, il n’était pas blessé, l’obus avait frappé la terre juste devant lui et l’avait enseveli, le protégeant ainsi des Allemands. Le front avait cédé, quelques-uns avaient réussi à décrocher à temps, d’autres avaient été capturés, la majorité de ses compagnons gisaient autour de lui. Son bataillon avait été anéanti. Il était désormais derrière les lignes ennemies et il allait devoir les traverser pour rejoindre l’armée française et reprendre le combat. Il se mit en route, direction sud-ouest, vers Bordeaux. Des avions passaient dans le ciel qui, en cette nuit étoilée, était allemand. Rien ne semblait pouvoir arrêter la progression de leurs blindés au sol. Il pensa à son frère Monipong[2]. Était-il encore en vie ? Avait-il aussi reçu l’ordre imbécile de mourir pour donner l’impression que la France se battait encore ?

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