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XXI - Page 16 sur 23 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XXI

Un soir, quand ils rentrent, Heng est là.

– Ce jour-là, j’ai quitté Phnom Penh en fin d’après-midi. On a bien tenté, avec d’autres camarades, de se faire connaître auprès des nouvelles autorités, mais personne n’avait d’ordre, on n’avait pas envisagé notre présence en s’emparant de la capitale. Des haut-parleurs criaient sans arrêt « Dépêchez-vous ! Les Américains vont bombarder la ville » et un responsable nous a demandé d’obéir pour le moment, que la priorité était l’évacuation, que plus tard, lors de l’accueil dans les centres de regroupements, notre cas serait réexaminé. La pagaille était indescriptible, le mieux était de suivre le mouvement, les soldats étaient à cran et auraient pu nous tuer. Des autos, des motos, des piétons encombraient la chaussée, on n’avançait pas… En fin de journée, j’étais toujours à Phnom Penh. Heureusement, les Américains ne sont pas intervenus.

Heng avait fini par retrouver leur trace à force d’interroger ici ou là. Il avait des nouvelles de Hout.

– Sur les sept « super traîtres » de Sihanouk, ces hommes qui devraient être passés par les armes lorsque la rébellion gagnerait la guerre, trois ont pris la fuite, deux, Lon Non et Long Boret, ont été fusillés, Sirik Matak s’est réfugié à l’ambassade de France, mais a été livré aux Khmers rouges. Seul In Tam a souhaité continuer le combat et a décidé quelques fanatiques à le suivre. Son projet est de former une guérilla au nord en s’appuyant sur la Thaïlande. Hout a accepté et ils ont quitté la capitale le 17, avant qu’elle ne tombe définitivement entre les mains des insurgés. Cela lui a probablement sauvé la vie. J’ai découvert, en venant ici, plusieurs charniers : des troupes qui se sont rendues après avoir résisté. Pour les officiers de Lon Nol, il semble que ce soit systématique.

Keo le regarde, incrédule. Elle est heureuse que Hout ait échappé au massacre, mais désormais, ses enfants et elles sont en danger, car ils sont liés à un homme en guerre contre son pays.

– Ne t’en fais pas, lui dit Oum Savath, le camarade Sy est un ami. Nous sommes en sécurité ici.

Puis se tournant vers son fils, il rajoute :

– C’est Sœun Kimsy ! Nous avons combattu ensemble Son Ngoc Thanh et Dap Chhuon, ce sont des choses qui ne s’oublient pas. Il fait semblant de ne pas nous reconnaître, mais il nous protégera.

– Je le connais ! Nous avons eu une longue conversation, un soir, dans la jungle. Voilà qui facilitera mes démarches !

Dès le lendemain, Heng a fait une demande pour rester dans le village et que soit pris en compte son passé révolutionnaire. L’ennui, c’est que les hommes qui ont orchestré son infiltration dans la capitale sont morts entre-temps. Il faut chercher des témoins, des communistes qui ont milité avec lui, des citadins qui l’ont vu agir. Difficile dans un pays totalement désorganisé, d’autant plus que beaucoup hésitent à servir de caution au frère d’un officier de Lon Nol. Ainsi, mith Sy refuse de se remémorer cette soirée avec Heng. Vrai oubli, ou désir de se protéger ?

En attendant, cela va mieux pour les Oum. Ils sont désormais deux hommes en pleine force de l’âge pour s’occuper de la maison et du jardin. Même si l’essentiel de la journée est consacré à la collectivité, ils peuvent, autour de chez eux, cultiver quelques fruits et légumes, défricher, améliorer l’habitation. Les repas se prennent dans la grande salle commune de la coopérative où il n’y a rien à manger, mais de retour au logis, on soupe une deuxième fois ! Souvent, Oum Savath revient avec quelques champignons qu’il a pu cueillir, Keo arrive à dénicher des petites grenouilles, Heng et Rithy ramènent plutôt des herbes ou des baies qu’ils glanent à la pause. On verse le tout dans la marmite rapportée de Phnom Penh pour les cuire. Sans sel ni épice, c’est insipide et guère plus nourrissant qu’à la cantine, mais ce peu partagé, c’est de la joie. La famille subsiste et elle fait un pied de nez à Angkar.

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