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XXIV - Page 17 sur 22 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XXIV

Arrivé dans la capitale, il a été surpris par la densité de la population. Cela faisait longtemps qu’il n’y était pas allé et elle avait beaucoup changé, passant de nouveau à plus de deux millions d’âmes. Celle-ci accueillait en plus, pour l’occasion, des dizaines de milliers de personnes supplémentaires, même si l’on était loin de l’engouement annoncé et proclamé. Le jour dit, bien avant l’aube, Kimsy s’est placé, boulevard Norodom, sur le trajet du cortège funéraire. Aux premiers rangs, des hommes et des femmes, à genoux, mains jointes, avec des fleurs, des photos du roi, priaient. L’émotion était palpable, réelle, les visages fermés. Tous étaient vêtus d’une chemise blanche, on en avait prêtait une à Kimsy, et arboraient un ruban noir, beaucoup portaient sous forme de broches, d’autocollants des images de Sihanouk. La rue était encore déserte, le soleil à peine levé, la journée s’annonçait sans nuages.

Des coups de canon ont enfin sonné le départ de la longue procession qui mènerait le corps du palais au mont Méru, l’habitation des divinités, construit dans un jardin tout proche. Mais avant, il aurait fait le tour de la ville. On a vu d’abord arriver les représentants des minorités dans leur costume traditionnel, Chams, Vietnamiens, Chinois, portant des drapeaux khmers et des fleurs, puis est venu le cortège. Les bonzes ouvraient la marche dans leur robe de safran ou de couleur ocre. Le cercueil doré, couvert de chrysanthèmes diaphanes, protégé par l’ombrelle, symbole de la monarchie. Puis, en larmes, Monique et son fils, le roi Sihamoni, ainsi que de nombreuses personnalités. Ils étaient à pied, mais trois chars à tête d’animaux mythiques transportaient des dignitaires du régime, dont le Premier ministre Hun Sen. Des femmes vêtues de blanc, portant chacune une photo de Sihanouk et trois fleurs de lotus épanouies, fermaient la marche.

À sa grande surprise, Sœun Kimsy a ressenti une vive émotion en participant à cet hommage. Cet homme avait été si important dans sa vie, plus que ses propres parents. Les observateurs étrangers affirmaient que le peuple vénérait Sihanouk contre vents et marées parce que c’était le roi donc, pour les Cambodgiens, un dieu. C’était tout le contraire. La monarchie perdurait parce que Samdech Euv, Son Excellence Papa, lui avait donné ses traits.

On peut effacer le visage d’une personne aimée, mais pas son baiser, disent les Cambodgiens. Ils s’en étaient épris si passionnément que le désir persistait sous la haine.

En enterrant cet être détesté, adulé, en pleurant sur lui et ses crimes, Kimsy s’est dit que le pays avait le droit d’être heureux, qu’il avait peut-être, lui aussi, le droit de l’être, que le droit à l’oubli était un des droits de l’homme.

En pardonnant à Sihanouk, il se pardonnait à lui-même.

Il a rendu les vêtements qu’on lui avait prêtés pour la cérémonie. Il lui fallait maintenant chercher un bijoutier. Il a posé des questions à droite et à gauche, on lui en a signalé une tenue par un Chinois où il pourrait sans doute obtenir une bonne somme de sa marchandise, sans être interrogé sur son origine.

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