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XVIII - Page 12 sur 16 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XVIII

Cela a été effectivement grandiose ! Des milliers de personnes entre l’aéroport de Pochentong et le palais royal. La remise à neuf des appartements du général et de son épouse, sans parler du lit fabriqué pour l’occasion, détail infime dont le prix plus imposant étant donné la taille du grand homme avait déchaîné l’hilarité dans la capitale. Les réceptions se succédaient, plus fastueuses, les unes que les autres. Au palais de Changkar Mom, on servait dans de la vaisselle vermeille sur des nappes brodées de fils d’or. On a offert clés de la ville et grade militaire, on a interprété de nombreuses pièces de théâtre ou ballets en leur honneur. Il fallait donner aux illustres invités un éventail de la culture khmère. Bien sûr, il y a eu la visite incontournable des temples d’Angkor, suivi d’un spectacle sur les lieux mêmes où, avec des dizaines de participants, des éléphants, on a reconstitué une partie de l’histoire du Cambodge.

Mais le clou du voyage a été la réception au stade olympique où, en présence de cent mille personnes, vingt mille lycéens ont animé le jeu des panneaux. Il s’agissait pour chacun d’entre eux d’en brandir un, le tout formant un gigantesque puzzle représentant le visage du général, les mots « Vive la France » ou encore le drapeau français. Enfin, de Gaulle s’est levé et a pris la parole, Sihanouk a senti son cœur battre à toute vitesse, il ne doutait pas que son projet avait réussi. Il savourait l’instant.

Après avoir fait longuement l’éloge de son hôte, du Cambodge et du formidable bond en avant qui avait suivi l’indépendance :

– des centaines d’écoles, d’hôpitaux, de dispensaires, des milliers de petites et moyennes entreprises, des milliers de kilomètres de routes et de pistes, des dizaines de milliers d’hectares de plantation…

Il a alors abordé le conflit vietnamien :

– Le chef d’État khmer avait prévu ces malheurs, mais il avait aussi indiqué ce qu’il convenait de faire pour les conjurer, à condition qu’on le voulût de bonne foi. Au lendemain des accords de Genève de 1954, le Cambodge choisissait avec courage et lucidité la politique de neutralité qui découlait de ces accords et qui, dès lors que ne s’exerçait plus la responsabilité de la France, aurait pu épargner à l’Indochine de devenir un terrain d’affrontement […]Devant une telle situation dont tout donne à croire qu’elle va aller en s’aggravant, je déclare ici que la France approuve entièrement l’effort que déploie le Cambodge pour se tenir en dehors du conflit […]La France considère que les combats qui ravagent l’Indochine n’apportent, par eux-mêmes, aucune issue. S’il est invraisemblable que l’appareil guerrier américain vienne à être anéanti sur place, il n’y a aucune chance pour que les peuples de l’Asie se soumettent à la loi de l’étranger venu de l’autre rive du Pacifique, quelles que puissent être ses intentions et si puissantes que soient ses armes. Bref, pour longue et dure que doive être l’épreuve, la France tient pour certain qu’elle n’aura pas de solution militaire […]

Sihanouk était aux anges, chaque mot prononcé, il aurait pu le dire lui-même. De Gaulle avait rappelé qu’il était l’allié des États-Unis et, au nom de cette amitié, il adjurait les Américains de respecter la neutralité des nations, de « les laisser disposer à leur façon de leur propre destin ». Dans la tribune officielle, les ministres procommunistes étaient enthousiastes, Khieu Samphân, en particulier, y voyait l’aboutissement de sa politique de soutien au Sangkum. Il était d’autant plus content que le bureau du parti était, lui, très critique. Tandis qu’il applaudissait à tout rompre, mêlant sa joie à celle du stade tout entier, il s’est penché vers Hou Yuon.

– Sihanouk est dangereux, mais c’est indéniable qu’il avance dans notre sens. Nos camarades qui ont dû fuir n’ont pas une bonne perception de la situation, ils vivent traqués la jungle et ils n’ont pas pu voir un dirigeant de l’Ouest dénoncer la politique américaine.

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