Sihanouk interrompit les débats d’un geste de la main.
– Je suis d’accord avec Penn Nouth, il faut rester dans la légalité si nous ne voulons pas que les États-Unis nous condamnent. Il nous est donc impossible de dissoudre le Parlement.
Chacun se tut et regarda le roi. Avait-il changé d’avis ? Avait-il baissé les bras ? Son ton montrait que non.
– Cependant, vous oubliez que je peux remercier le gouvernement et nommer un nouveau président du Conseil.
– Cela ne servirait à rien, il devra, avant d’exercer, demander la confiance à l’Assemblée qui la lui refusera.
Le roi eut un large sourire.
– Au vu de la personne que je proposerai, le Parlement ne rejettera pas mon choix, je vous le garantis ! Si, néanmoins, il le faisait, alors nous serions en droit de le dissoudre. Par précaution, les troupes coloniales seront en alerte et prêtes à intervenir, M. Risterucci sera ravi de nous aider bien que je pense que cela ne sera pas nécessaire. La surprise passée, nos adversaires nous mèneront la vie dure, mais nous gouvernerons ensuite par décrets. Il faudra rapidement mettre un terme aux différents maquis pour montrer au peuple l’incompétence et la duplicité de nos démocrates.
Il ajouta en pesant chaque mot, scrutant le visage de chacun, guettant, tel un acteur de théâtre conscient qu’il joue la scène capitale de la pièce, la réaction du public :
– Je crains cependant que cela ne suffise pas.