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XI - Page 8 sur 18 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XI

Monireth était enthousiaste. On pouvait justifier la présence des troupes coloniales à l’est du pays par les troubles au Viêt Nam. C’était une guerre exportée sur notre sol, une agression étrangère donc on pouvait faire appel à une armée amie pour nous aider. Au nord-ouest, c’était essentiellement des maquis de rebelles khmers. Monipong reprit la parole. Il avait légèrement haussé le ton et il y avait maintenant de la fébrilité dans la voix, car ce n’était pas tout !

– Nous allons surprendre les Français, leur montrer la justesse de notre analyse. Nous sommes en négociations avec Dap Chhuon pour lui accorder la paix des braves et lui demander de joindre ses forces aux nôtres. Il ne peut refuser puisqu’en contrepartie, il serait le délégué royal[7] sur toute la frontière avec la Thaïlande.

Dap Chhuon ! Le nom fit sensation. C’était un ancien sergent de la garde nationale. Plutôt mince et musclé, le visage allongé, un front haut, des cheveux en brosse, coupe réglementaire, un teint sombre. L’homme séduisait par son regard profond. Il avait abandonné son poste en 1944 et gagné la Thaïlande où il avait recruté d’autres Khmers exilés comme lui et, dès le retour des Français, avait commencé une guérilla impitoyable. En août 1946, il avait réussi à occuper les temples d’Angkor pendant une semaine, avec l’aide des troupes de Son Ngoc Minh, tuant sept officiers français. Malheureusement, l’alliance avec les Khmers vietminhs ne dura guère et cela resta la seule action d’éclat à son actif. Dap Chhuon devint célèbre pour la férocité avec laquelle il éliminait les communistes qui cherchaient à le noyauter.

Déjà, Youtévong avait avancé l’idée de cette amnistie, mais il avait alors encouru les foudres des Français. La demande émanait désormais du roi et de ses oncles et ils avaient cédé. Sihanouk reprit la parole.

– Je ne veux pas que le parti démocrate s’arroge tout le mérite. Or d’après la Constitution, c’est le Conseil des ministres qui proposera le traité et l’Assemblée qui le votera, je devrais me contenter d’apposer ma signature. Sans doute aurais-je droit à un petit oiseau m’indiquant où le faire. Il faut que ce soit Monipong, un membre de la Famille royale, qui soit à la tête du gouvernement ! Or impossible de renvoyer Yem Sambaur, sans voir aussitôt, les démocrates faire bloc et mettre leur veto.

Voilà pourquoi, je dois dissoudre le Parlement avant d’offrir ce que le pays souhaite tant ! Une fois l’indépendance proclamée, en profitant de ce regain de popularité, nous modifierons la Constitution, celle-ci ayant été établie au temps où nous n’étions qu’une colonie.

Penn Nouth qui était, par ailleurs avocat, fit valoir le danger d’un sursaut de leurs adversaires.

– Le problème des démocraties, c’est qu’elles ne sont jamais aussi vivaces que lorsque l’on s’attaque à elles en les croyant moribondes. Votre Majesté est certes le chef des armées, mais il y a un ministre de la Défense, un autre de l’Intérieure. Le gouvernement n’est plus entre nos mains. Si nous envisageons de l’écarter, il pourrait résister. Le Parlement est discrédité, mais, jusqu’à quel point ? Et comment réagiraient les différentes guérillas ? Si nous voulons agir ainsi, il faudrait le soutien des Français.

– Nous l’aurions sans difficulté, répliqua Monipong, ils ne souhaitent que cela, ils n’ont confiance qu’en nous.

Mais son frère s’y opposa.

– Non. Leur intervention apporterait de l’eau au moulin de ceux qui prétendent que ce n’est qu’une indépendance factice. Soyons sérieux, nous ne pouvons pas revendiquer l’autonomie pour notre armée et faire appel aux Français.

Kossamak souligna par ailleurs que l’Amérique se voyant comme la championne des démocraties pouvait tiquer devant ce coup d’État. Sihanouk fit la grimace, ses parents et amis avaient raison. La chose était encore trop risquée. Il fallait attendre une occasion, le Parlement étant affaibli, mais pas mort.

Celle-ci se présenta rapidement, et ce fut ainsi qu’au Cambodge, une assemblée allait être remerciée parce qu’une dame avait perdu au casino.

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