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XXIII - Page 11 sur 17 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XXIII

En décembre, les risques d’une guerre sont au plus haut : les Chinois, les États du Sud-Est asiatique ont annoncé qu’ils n’interviendraient pas. Les deux belligérants sont désormais face à face, armés jusqu’aux dents, l’un par Moscou, l’autre par Pékin.

Le 21 décembre 1978, les Vietnamiens attaquent dans la région montagneuse du Nord-Est ; le 25, le gros de ses troupes, des blindés, part à l’assaut depuis le Sud-Vietnam. L’armée de l’air et la flotte cambodgiennes sont très vite réduites au rôle de spectatrices, les défenses sont contournées et les forces adverses foncent sur Phnom Penh.

Le 5 janvier au soir, Sihanouk et Penn Nouth se retrouvent avec Pol Pot et Ieng Sary pour un briefing. Ils vont devoir plaider pour le Cambodge agressé par le Viêt Nam, le premier à l’ONU, le second en voyageant de pays en pays. Pour la première fois, le Prince a l’occasion de voir de près le nouveau maître du Cambodge. C’est plutôt un homme avenant, un peu empâté, il a de beaux cheveux noirs taillés en brosse et un sourire complice qui désarme.

– Vous êtes des patriotes et vous avez beaucoup d’amis dans le monde. Vous allez pouvoir rendre de grands services au peuple du Kampuchéa. Nous vous en remercions par avance.

– C’est moi au contraire qui vous remercie de me donner cette occasion de défendre sur le plan international notre pays.

– Samdech Euv, demain après-midi, un avion de la République Populaire de Chine vous transportera, vous, votre famille et votre suite, jusqu’à Pékin. De là, vous partirez à New York. M. Penn Nouth et les siens prendront le même avion.

Ieng Sary sursaute.

– Euh ! Seuls Samdech et la princesse Monique, M. et Mme Penn Nouth pourront quitter Phnom Penh. Pour les familles, elles doivent attendre un peu. Il n’y a plus de place disponible.

– Non, coupe Pol Pot, il n’en est pas question. Nos amis doivent se concentrer sur leurs missions. Faites partir tout le monde.

Le ministre s’incline devant la décision de son chef. Visiblement à contrecœur. On le sent prêt à expliquer qu’il n’a pas confiance en Sihanouk, que celui-ci n’hésitera pas à trahir, une fois la cage ouverte, qu’il faut garder les enfants sous la main. Pol Pot le regarde avec un large sourire comme pour lui répondre qu’otages ou pas, Sihanouk est incontrôlable alors autant se montrer grand seigneur. Il se lève et entraîne ses hôtes, soulagés par la conclusion de ce débat muet, devant une carte où sont figurées les différentes armées. Il est enthousiaste.

– Nous menons une guerre de guérilla, nous nous appuyons sur la population. Les Vietnamiens livrent une bataille classique, avec avions, bombes et chars. L’an dernier, nous les avons arrêtés à la frontière ; aujourd’hui, ils sont de nouveau là. Alors cette fois-ci, nous les laissons pénétrer dans notre territoire. Ils croient gagner, les Américains le croyaient aussi… Quand ils seront bien avancés, nous les harcèlerons, nous les diluerons dans le grand océan de la résistance de notre peuple, comme le sel dans l’eau. Nous allons les détruire définitivement. Nos succès militaires appuieront vos démarches diplomatiques et nous mettrons un terme à leur folie.

Dans la nuit du 6 au 7, Sihanouk et les siens débarquent à Pékin. Libres ! Enfin presque. Quatre Khmers rouges les accompagnent pour aider le Prince dans ses interventions, le protéger, le surveiller. Sans compter un milliard de Chinois, car Pékin soutient toujours Phnom Penh contre Hanoï et Moscou. Et il ne faudrait pas oublier Narindrapong, son fils, plus Khmer rouge que jamais. À l’arrivée à Pékin, Sihanouk est accaparé par les officiels. C’est Deng Xiaoping[9], l’ancien collaborateur et ami de Zhou Enlai, avec qui il partageait beaucoup d’idées, de conviction, qui l’accueille. Le nouvel « homme fort » de la Chine le serre dans ses bras, ne cachant pas son émotion de le revoir vivant. Des journalistes occidentaux parviennent, en rusant (sic), à déborder le service d’ordre et à prendre cette photo historique et bouleversante afin qu’elle fasse le tour du monde.

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