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XXII - Page 10 sur 14 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XXII

C’est par les ondes que Sihanouk apprend que sa démission a été acceptée. Doit-il s’en réjouir ? Doit-il s’en émouvoir ?

Les sihanoukistes sont exclus du nouveau gouvernement, et Pol Pot est sorti de l’ombre pour devenir Premier ministre. La radio se fait désormais le procureur impitoyable des années Sangkum et dénonce un régime ultralibéral, ultrafasciste, ultraféodal, ultrasanguinaire et ultracorrompu.

Tous ses enfants et petits-enfants sont envoyés dans des coopératives où beaucoup vont périr. Norodom Phurissara qui a toujours soutenu les communistes, So Photra, le gendre de Sihanouk qui a bombardé la résidence de Lon Nol, et leur famille subiront le même sort.

Ieng Sary triomphe. Durant les cinq années passées à Pékin, il avait supporté Sihanouk, ses incartades, ses déclarations intempestives, son comportement de seigneur, sa gourmandise et ses caprices, toutes choses intolérables alors que le peuple se battait et souffrait pour lui. Et il était intouchable ! Mais il a fini par lasser, sa démission a été acceptée. Les Chinois ont mieux réagi que prévu, la mort de Zhou Enlai, la maladie de Mao ont bien aidé. Deng Xiaoping, plus par respect pour ses aînés que par conviction, a seulement demandé de continuer à préserver la vie du pantin et de sa femme. Tant mieux ! Cela laisse du temps pour lui apprendre l’humilité !

Khieu Samphân était vice-premier ministre sans portefeuille, le voici chef de l’État donc à disposition du ministre des Affaires étrangères. Sihanouk l’aime bien, car il lui parle avec beaucoup de respect, à l’ancienne. Par conséquent, c’est lui qui est chargé de donner le coup de grâce.

– Ainsi, M. Khieu Samphân, vous me remplacez !

Celui-ci rit. Il va effectivement jouer le même rôle, un étendard sans aucun pouvoir, mais il a admis sa situation. Cela fait des mois qu’il accepte d’être en retrait pour continuer à être.

– Personne ne saurait prendre votre place auprès des Cambodgiens, Samdech Euv, mais, puisque vous n’en voulez plus, j’assumerai vos fonctions durant les festivités du premier anniversaire du 17 avril.

Il fait une pause. Obéissant à Ieng Sary, il annonce, comme si c’était une bonne nouvelle :

– D’ailleurs, notre gouvernement a invité vos deux enfants, les princes Sihamoni et Narindrapong, à y assister. Ils arrivent demain pour quelques semaines.

C’est une cruauté inutile. Des otages pour éviter toute déclaration intempestive de Sihanouk ? Comment pourrait-il contacter des journalistes ? Il est prisonnier au palais. Les deux jeunes hommes ont reçu des télégrammes signés Sihanouk leur demandant de rentrer et ils sont partis aussitôt pour Phnom Penh.

Sihanouk est effondré. Il se rend compte de la vanité de son geste et des répercussions terribles pour les siens.

Monique s’approche alors de lui, silencieuse. Elle s’accroupit pour être à sa hauteur. Perdu dans son chagrin, il ne la voit pas. Elle prend son visage entre ses mains. C’est seulement alors qu’il découvre le sien, à quelques centimètres, à travers ses larmes qu’elle lui parle :

– Pleure, mon Prince, pleure sur l’inconséquence de tes actes. Pleure ! Il nous faut maintenant souffrir.

Sa voix douce console comme celle d’une mère. Elle le contemple avec beaucoup de tendresse. Il devine, surpris, qu’elle ne lui en veut pas.

– Grâce à la décision que tu as prise, un jour, nous pourrons regarder notre peuple, sans baisser les yeux. Nous lui dirons : « nous aussi ». Au fond de notre malheur, il faudra nous rappeler cela.

Elle avait tout fait pour l’empêcher de commettre l’irréparable et maintenant qu’il découvre à quel point, elle a raison, elle le console. Il la serre entre ses bras.

Il n’a plus le droit de recevoir des journaux et son seul lien avec l’extérieur est radio Phnom Penh et ses interminables slogans à la gloire d’Angkar. Celle-ci, dans un placard, sous des draps, avec un écouteur, change de voix, prend celle de l’Amérique, de Radio Australie, de la BBC, de Radio France internationale, de Radio Japon. D’un côté on décrit à longueur d’antenne l’enfer du Sangkum, de l’autre, celui des Khmers rouges.

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