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XIX - Page 11 sur 17 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XIX

Pour Georges Féray, le Cambodge, c’était fini. Il s’était battu pour l’indépendance de ce pays, puis pour soutenir sa politique de neutralité, tout en luttant, de manière très diplomatique, contre les excès du Prince. L’arrivée des conservateurs au pouvoir avait rendu le climat encore plus délétère, la plupart des périodiques avaient été suspendus. Ce n’était pourtant pas pour cela qu’il s’en allait puisque l’on n’avait pas osé toucher au sien. Le coup fatal avait été porté le jour où Lon Nol avait été nommé Premier ministre par intérim. Sachant que ses décisions seraient impopulaires, il l’avait accompagné par la khmérisation de tous les actes administratifs et judiciaires. Depuis l’indépendance, tous les politiciens, de droite comme de gauche, avaient défendu cette idée, la réaliser était néanmoins compliqué. Le cambodgien était surtout une langue orale, seule une minorité était en mesure de l’écrire ; la plupart des cours – tous dès le collège – étaient donnés en français ; enfin, sans oser l’exprimer, l’élite, très francophone, était hostile à ce projet, car le khmer les aurait coupés du monde extérieur. Pendant vingt ans, tous réclamaient l’abandon du français, dénonçaient l’échec scolaire dû à son usage dans le secondaire et le supérieur, personne n’agissait. Lon Nol était arrivé au pouvoir et, d’une signature, il avait imposé le khmer dans tous les documents officiels et dans l’enseignement. Personne n’avait osé le contredire.

Georges Féray devait admettre que l’on ne pouvait pas être anticolonialiste, être pour l’indépendance d’un pays et ne pas accepter que celui-ci veuille utiliser sa propre langue ! Le kram de Lon Nol était l’acte de renaissance du cambodgien et une interdiction d’exercer pour lui. Il aurait pu essayer d’apprendre le khmer, de prendre un associé, un secrétaire ou tout simplement continuer à vivre au Cambodge sur ses rentes. Il aurait eu une vie plus facile qu’en France, mais il n’en avait plus envie. Entre le vice et la vertu, il y a l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette : défendre son pays, sa langue était louable, rejeter l’autre était détestable. Derrière le désir de souveraineté se profilait une préférence nationale. Dans les administrations, Chinois et Vietnamien laissaient leur place aux Cambodgiens, dans les sociétés commerciales, les cadres étrangers étaient remplacés par des autochtones, même moins qualifiés. Plus le climat social, plus l’économie se dégradaient, plus la xénophobie s’exacerbait. Et, cerise sur le gâteau, la campagne pour obtenir « pacifiquement » le retrait des troupes du FNL qui consistait à dénoncer tous les méfaits de ces derniers a provoqué un rejet quasi racial des Annamites par les exactions qu’elle décrivait.

En France, Sihanouk a rencontré Lon Nol. Les nouvelles en provenance du royaume étaient catastrophiques, la crise économique s’éternisait, le FNL aussi.

– Il nous faut en finir avec ces troupes sur notre sol, tout en maintenant nos bonnes relations avec Hanoï. Comme vous le savez, après Paris, je vais aller plaider notre cause à Moscou et à Pékin. On ne peut pas faire confiance aux Vietnamiens, mais ces capitales peuvent faire pression sur eux. Il serait souhaitable que chacune de mes démarches soit appuyée par le peuple.

Dès son retour au Cambodge, Lon Nol a mis fin aux campagnes visant le chef de l’État, mais n’a pu que constater leurs dégâts en termes de popularité. Il a rencontré ensuite Son Ngoc Thanh. Le vieux leader nationaliste ne pesait pas bien lourd politiquement, mais il faisait rêver et disposait d’une petite armée, équipée, entraînée et financée par la CIA. Renouer avec lui, alors que chacun savait leur antagonisme, c’était la meilleure façon de montrer aux Nord-Vietnamiens que l’on était prêt à tout pour les déloger, même à s’allier avec le diable.

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