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XIV - Page 4 sur 13 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XIV

Sur les marches du palais, Sim Var, l’ancien opposant démocrate, mais l’actuel ministre de l’Économie, accueillit son vieil ami Georges Féray. Leur entente remontait à la révolte des ombrelles. Quand la répression s’était abattue, il s’était réfugié chez Suramarit et, bien entendu, s’était abstenu de défendre ses camarades. En tant que Français, son confrère avait pu tenir la population au courant des procès.

– Venez, nous allons rejoindre le roi. Comme convenu, votre audience portera sur son voyage dont il fera avec vous le bilan. Mais attendez-vous à un scoop ! Je laisse au souverain le soin de vous le dévoiler. Je voulais seulement vous dire que j’ai beaucoup insisté pour que vous en ayez la primeur. Dans la bataille que nous engageons, nous avons besoin de vous, j’ai promis à Sihanouk que vous ne nous ferez pas défaut.

Après cette petite entrée en matière bien mystérieuse, Sim Var ouvrit une porte. Dans la salle, une table basse, quelques fauteuils autour. Sihanouk était en grande conversation avec des personnalités politiques de diverses sensibilités. Ils s’interrompirent et accueillirent les deux hommes. Georges Féray sourit. C’était visiblement une comédie, une mise en bouche. Le roi n’aurait certainement pas entamé une discussion, alors que Sim Var était sorti pour le recevoir. Le souverain prit immédiatement la parole et, laissant tomber le prétexte à cet interview, aborda le sujet qui lui tenait à cœur.

– M. Féray, je sais que votre journal ne m’est pas favorable (il fit un geste de la main pour balayer toute tentative de dénégation). Peu importe. M. Sim Var affirme que La Liberté a toujours soutenu les nationalistes, les vrais. J’avais promis un gouvernement d’union nationale, les différents responsables, que vous voyez à mes côtés, représentent tous les partis politiques cambodgiens, autant les grands comme les libéraux ou les démocrates que les petits.

Sihanouk laissa à son interlocuteur le temps de faire connaissance avec les autres personnes.

– Comme vous le savez en début d’année, j’ai dû suspendre l’activité du Parlement, il n’avait pas compris la gravité de la situation et, de nouveau, il entravait mes efforts, il encourageait les manifestations des lycéens. Les jeunes ont raison ! Non pas de lutter contre nous, mais de montrer leur impatience. Ces coquins de Français nous mènent en bateau, nous endorment. J’ai promis alors d’accélérer le processus et je l’ai fait !

Pause. Le comédien prit sa respiration, contempla un instant le plafond comme s’il pensait puis continua son propos :

« En février, je suis allé en France, je me suis installé sur la Côte d’Azur et de là, j’ai envoyé lettre sur lettre pour obtenir une audience avec M. Vincent Auriol[2]. Pourquoi ne pas avoir pris rendez-vous depuis Phnom Penh, me direz-vous ? C’était impossible ! Toute demande officielle passe par M. Letourneau, ministre des États associés, M. Risterucci, commissaire de la République, et le Général Langlade, commandant des forces du Corps expéditionnaire au Cambodge, et est sys-té-ma-ti-que-ment rejetée. Oui, M. Féray, une rencontre entre le roi et votre président ne peut avoir lieu sans l’accord de petits fonctionnaires des colonies ! Je vous laisse mesurer le degré d’indépendance de mon pays. La solution était d’aller en France pour me faire soigner, d’où le choix de la Côte d’Azur, et de là solliciter une audience en court-circuitant l’Administration indochinoise. Il a fallu un mois et de nombreuses lettres pour que M. Auriol daigne me recevoir. De ce déjeuner, le 25 mars, seuls les vins et les plats furent fins, légers et digestes. Pourtant, il y avait du cassoulet et des escargots au menu. Quant à notre conversation, elle m’est restée sur l’estomac.

Ma demande était de dissocier le cas cambodgien de celui du Viêt Nam et de nous accorder tout de suite une indépendance véritable tout en nous unissant par un traité d’amitié de 99 ans[3]. Une des difficultés que nous rencontrons avec votre gouvernement est qu’il souhaite négocier, avec les trois États, les mêmes arrangements. Ce qui ne peut être concédé au Viêt Nam ne peut l’être au Cambodge. “Vous allez être content, Monsieur le Président, lui ai-je rétorqué, nos trois nations, par la faute de votre stratégie, vont se retrouver dans une situation analogue avec une guérilla aussi forte dans les trois pays”. Mais il avait été circonvenu par M. Letourneau et il a répondu comme ce dernier “Votre Majesté exagère, le peuple vous obéit au doigt et à l’œil et il ne tient qu’à vous de réfréner leur velléité”. Il m’a fait cette déclaration avec son bon sourire d’homme du sud !

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