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VIII - Page 6 sur 13 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

VIII

Au petit matin, à Phnom Penh, la radio qui renaissait avec un accent nippon bien marqué annonçait l’état d’urgence.

– Le Gouverneur général de l’Indochine, l’amiral Decoux, a été arrêté ainsi que tous les hauts fonctionnaires français. Tout individu qui sera pris portant une arme sera immédiatement fusillé.

Tout de suite après, les Japonais envahissaient le monastère. L’un d’entre eux, en civil, accompagné d’un oncle de Sihanouk, entra dans le temple. Tout avait été fait pour rassurer le roi, lui montrait qu’on ne lui voulait aucun mal. Rassuré ? Sihanouk se demanda longtemps comment on avait su où il s’était réfugié, dans ce lieu qu’il avait si peu fréquenté ces derniers mois. Où se cacher la prochaine fois ?

On le ramena chez lui. Son oncle qui était un proche de Son Ngoc Thanh et des Japonais lui répéta durant tout le voyage qu’il ne serait pas destitué. Arrivé aux portes du palais, une garde de soldats nippons lui rendit les honneurs. Ce geste lui redonna un peu confiance. Le petit groupe l’entraîna jusqu’à la salle du trône où le général Manaki, commandant des forces japonaises au Cambodge, l’attendait.

– Votre Majesté, le Japon a été contraint de prendre le contrôle de l’Indochine, car l’armée française n’avait nullement l’intention de la défendre en cas d’invasion. Bien au contraire, elles recevaient du matériel militaire parachuté par les Américains et s’apprêtaient sans aucun doute à les retourner contre leurs alliés. Les autorités françaises avaient un double langage, il fallait en finir, mais le Japon n’est pas en guerre contre les peuples d’Indochine.

Sihanouk apprécia le ton déférent avec lequel le général s’adressait à lui. Quelle différence avec l’attitude paternaliste des Français ! On le traitait enfin en homme d’État. Il se demanda quelle part de pouvoir les nouveaux maîtres allaient lui laisser. Il ne s’attendait pas à la réponse. : tout !

– Parmi les buts de guerre que poursuit le Japon, il en est un qui, quelle que soit l’issue des armes, restera, car cela correspond à la fois aux aspirations profondes des nations orientales et à l’Histoire. L’Asie doit revenir aux Asiatiques. Le temps où la race blanche nous dominait est révolu. Je ne vous offre pas un protectorat, mais l’indépendance. Vous choisirez d’être notre allié en toute souveraineté.

Indépendance ? Le mot fit frémir le roi. Le général sourit.

– Oui, Votre Majesté, hier, le Japon a mis fin au règne de la France en Indochine. Aujourd’hui, je suis chargé, par l’Empereur, de remettre leur devenir entre les mains des peuples du Sud-est asiatique.

Sihanouk hésitait à comprendre.

– Vous voulez dire que je vais pouvoir faire mon propre gouvernement, choisir moi-même mes ministres ?

– Votre Majesté, vous êtes le roi.

Indépendance, souveraineté, liberté. Les mots tournaient dans sa tête. Tout cela offert par les Japonais aux Indochinois. Une bouffée d’euphorie le saisit qu’il réprima aussitôt. Il les savait vaincus, les autres reviendraient, ce n’était qu’une manœuvre politique, leur chant du cygne. Mais quel beau chant ! Il fut étonné d’être aussi bouleversé alors qu’il n’avait jamais vraiment rêvé à cela.

On fixa la date de la proclamation au 13 mars, cela lui laissait deux jours pour former un gouvernement et préparer son discours. C’était un véritable cadeau, car les Nippons ne demandaient rien en échange ou si peu. Maintenir, voire accentuer, les réquisitions pour leurs troupes présentes en Indochine. Comme la part prélevée par la France avait disparu, le Cambodge s’en trouva plus à l’aise. Quant à la participation active pour combattre les forces américaines, le pays n’avait pas de soldat, pas d’arme, pas de matériel. Le cadeau était cependant empoisonné, il le reconnaissait volontiers, mais il ne pouvait pas le refuser. D’abord parce qu’il n’avait pas les moyens militaires de s’opposer aux Japonais, mais surtout parce que l’on ne demande pas à un esclave à qui l’on a brisé les chaînes de continuer à les porter en attendant le retour du maître.

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