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XX - Page 13 sur 24 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

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Seul Ieng Sary parvenait à gâcher son bonheur. Trop imbu de lui, trop sévère, un père-la-pudeur. Dès le premier contact, Sihanouk a détesté cet individu insignifiant, aux trois quarts chauves qui, cependant, était LE représentant de ceux qui se battaient au Cambodge. Il aurait souhaité avoir affaire à quelqu’un de plus haut placé dans la hiérarchie, Khieu Samphân ou Hou Yuon. Cet être sans importance l’humiliait, montrait à quel point la résistance intérieure méprisait le groupe de Pékin. De plus, malgré sa vacuité, celui-ci profitait de son statut de porte-parole du front pour imposer sa ligne de conduite. Les Khmers rouges du gouvernement en exil s’étaient aussitôt rangés derrière lui, puis son autorité s’était étendue à de nombreux sihanoukistes.

Pour Ieng Sary, se retrouver en présence du Prince était une épreuve. Il ne comprenait pas comment ceux qui mourraient là-bas pouvaient être représentés par un être aussi imbu de sa personne, prêt à affirmer une chose et son contraire et le contraire de ce contraire, qui vivait royalement et se pavanait dans le grand monde en disant nous pour parler d’eux.

Il s’en faisait encore la réflexion quand l’autre a expliqué à un journaliste comment avait été organisée l’attaque de Pochentong.

– C’est un officier ingénieur de l’armée de Lon Nol qui nous a contactés. Il venait de gagner la zone libérée (il n’est pas à aller bien loin [sourire]). C’est ici, à Pékin que le plan a été conçu, le commando composé uniquement de combattants cambodgiens, a été formé, je le concède, par nos instructeurs vietnamiens, les habitants des alentours qui auraient pu devenir des « victimes collatérales » ont été prévenus (Ieng Sary avait sursauté : prévenir tous les habitants avant un sabotage, c’était délirant !). Le secret, comme vous pouvez le constater, a été bien gardé ! Cela en dit long sur les relations entre mes hommes et la population ou entre cette dernière et les républicains. Il paraît que c’est la perte de son aviation qui vaut à Lon Nol la crise cardiaque qui le met désormais hors-jeu !

Ieng Sary regardait, ahuri, Sihanouk débiter ses énormités. « Il ne manquerait plus qu’il intervienne pour me désavouer », pensait le Prince. Heureusement le journaliste n’avait rien vu et restait sous le charme.

C’était pénible de ne rien savoir, de tout apprendre par la presse, alors que l’on était censé être à la tête du combat. On le sollicitait parfois pour obtenir la libération de tel ou tel reporter tombé entre les mains des rebelles. Il promettait de faire de son mieux, mais « le représentant de la résistance intérieure » ne semblait pas transmettre ses demandes.

À part ces désagréments, il était heureux. Les vieux serviteurs corrompus l’avaient trahi, les jeunes, les purs le soutenaient, sa femme l’avait épousé roi et se tenait toujours à ses côtés en exil à Pékin, sans un mot sinon d’amour. C’était romantique à souhait !

Cependant, parfois, par quelques nuits sombres, il s’éveillait en larme, soudain réaliste. Étant à Pékin, il pouvait, lui le bouddhiste, voir comment on vivait en régime communiste, ce qu’il était advenu de la religion. Alors, il se levait, étudiait attentivement les rapports, discours, comptes rendus venus des territoires libérés pour deviner l’avenir de son peuple, son propre devenir. Il ne se faisait pas d’illusion. Le 18 mars, il avait perdu le pouvoir. Définitivement ! Les prochains dirigeants seraient Hou Yuon, Hu Nim, Khieu Samphân. Pire même, il y aurait des Ieng Sary, ces êtres sans culture, sans amour, sans compassion. Ces nuits-là, il rêvait, comme d’une douce récompense pour tout ce qu’il avait permis en se dressant contre Lon Nol, de connaître le sort de Puyi, le dernier empereur de Chine, lui le dernier roi du Cambodge. Être jardinier dans son ancien palais, avec Monique à ses côtés. Il vivrait heureux, il n’en doutait pas une seule minute, sachant ces félons de Lon Nol et consorts morts et enterrés.

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