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XX - Page 12 sur 24 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

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Les généraux se sont regardés. Ils étaient arrivés, avec bien du mal, à stabiliser le front. Ils avaient enfin du temps devant eux pour former les recrues. Quelqu’un s’est hasardé.

– Les troupes sont démoralisées. Nous tenons parce que l’ennemi n’ose bouger de peur d’être écrasé par nos bombardiers.

Un large sourire est apparu sur le visage de « Papa Noir ». C’était le surnom qu’on avait donné à Lon Nol, surnom qu’il appréciait particulièrement, car il faisait référence à sa peau très sombre comme un vrai Khmer à l’opposé de celle de Son Excellence Papa (Samdech Euv, c’est à dire Sihanouk).

– Justement, si nous leur laissons un répit, ils vont s’enterrer et l’aviation ne nous sera plus d’aucune utilité. Plus nous attendons, plus il sera difficile de les déloger. Quant au moral des troupes, je crois qu’une victoire sera la bienvenue. Non ?

– Ne peut-on, au moins, patienter jusqu’à la saison sèche ? Elle débute dans un mois, ce sera plus facile pour manœuvrer.

Lon Nol a regardé Oum Savath avec sévérité. Il savait qu’un de ses fils avait rejoint Sihanouk. Certes, le vieux colonel n’était pas responsable des actes de ses enfants et il avait montré beaucoup d’attachement à sa patrie en reprenant du service pour pallier la disparition de nombreux officiers morts au combat, mais ce genre de réflexion était sans doute une des raisons de ce ralliement aux maquis.

– N’avez-vous pas entendu ce que j’ai dit ? Dans deux mois, l’ennemi sera plus difficile à déloger. Ne croyez surtout pas qu’ils se contenteront pendant ce temps-là de profiter de la mousson pour se doucher et puer moins.

Rire dans la salle. Lon Nol avait gagné.

– Notre opération s’appellera Chenla en mémoire à ce royaume, ancêtre du Cambodge. Nos forces, sous le commandement de Um Savuth, partiront de la ville de Skoun au nord de Phnom Penh en se donnant deux objectifs : desserrer l’étau sur la ville de Kompong Thom en sécurisant la RN6[12] qui relie les deux villes et permettre l’exploitation des rizières autour de Kompong Cham.

Um Savuth ! Oum Savath était écœuré. Celui-ci avait été blessé à la tête, non pas à la guerre, mais parce que, voulant obliger une recrue à bien viser, il avait posé sur son crâne, en guise de chapeau, un chat et lui avait demandé de tuer l’animal. Résultat : il boitait et avait du mal à garder le contrôle de ses membres. C’était à cet homme que l’on confiait l’armée !

Contrairement à son père, Oum Hout a accueilli avec joie l’idée de bousculer les Vietnamiens et d’être sous les ordres d’un fou. C’était un atout pour affronter les rouges !

Les troupes ont fait mouvement fin août et le plan a fonctionné à merveille. Au moindre accrochage, l’aviation intervenait. La progression a été rapide, mais cela n’a duré que quelques jours. Tout le mois de septembre, la forte mousson a bloqué l’avancée, clouant bombardiers et hélicoptères de combat au sol, embourbant les véhicules lourds. L’ennemi ne reculait plus que pas à pas, livrant sans arrêt des assauts sporadiques. Un bataillon a atteint Kompong Thom à la mi-octobre, acclamé par une foule en liesse, le gros des troupes était resté en arrière et n’avait pas dépassé Kompong Thmar, les escarmouches s’étant intensifiées plus au sud du côté de Kompong Cham. Un gros mois plus tard, l’arrivée de la saison sèche a permis de dégager la RN7 et de rompre l’encerclement de cette ville. On n’a pas eu le temps de s’en réjouir, les autres frappaient ailleurs sur la RN4. Nouvelle intervention des parachutistes aéroportés sur place, nouvelle victoire.

Cette contre-attaque a fait comprendre à Lon Nol la nécessité de consolider ses positions. On a arrêté l’offensive, stabilisé le front, nettoyé les poches de résistance. Ses hommes n’avançant plus, le généralissime a décidé que les objectifs avaient été atteints et il est rentré à Phnom Penh recevoir un accueil triomphal. Il voulait désormais une pause, car il craignait qu’un revers ne brise le moral retrouvé de ses troupes et de la population. Dans la capitale, la foule exaltait le guerrier khmer. En six mois, les FANK s’étaient repris et avaient infligé une lourde défaite aux vietminhs, à ces maquisards qui avaient battu les Français et tenaient tête aux Américains. En si peu de temps, l’armée cambodgienne était devenue invincible.

Installé à Kompong Thmar, Oum Hout regardait le ciel sans nuages, mais vide aussi d’avions, les blindés immobiles et devinait Kompong Thom si près, si loin.

Le 21 janvier 1971, un commando d’une centaine de vietcongs a attaqué l’aéroport de Pochentong, tirant des obus pendant plus de quatre heures, puis il s’est retiré sans être inquiété. La majeure partie des appareils avaient été détruits, en particulier tous les chasseurs à réaction. Les députés, furieux, ont alors exigé le retour des troupes pour assurer la défense de la capitale et ont convoqué Lon Nol pour le 8 février. Chenla était un échec : le terrain gagné péniblement a été abandonné pour protéger Phnom Penh qui n’était pas menacé et rien ne venait compenser la perte de l’aviation.

Face à une telle incompétence, les parlementaires attendaient de pied ferme le commandant en chef des armées. Plusieurs noms circulaient pour le remplacer. Il ne s’est jamais présenté devant eux. La veille, il a eu une attaque de paraplégie et été évacué sur l’hôpital d’Honolulu.

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