Warning: Constant MULTISITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 83

Warning: Constant SUBDOMAIN_INSTALL already defined in /htdocs/wp-config.php on line 84

Warning: Constant DOMAIN_CURRENT_SITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 85

Warning: Constant PATH_CURRENT_SITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 86

Warning: Constant SITE_ID_CURRENT_SITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 87

Warning: Constant BLOG_ID_CURRENT_SITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 88

Warning: Constant WP_CRON_LOCK_TIMEOUT already defined in /htdocs/wp-config.php on line 96
XX - Page 19 sur 24 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XX

La voiture s’est arrêtée. Des hommes vêtus de la tenue noire des paysans cambodgiens ont contrôlé le convoi, une kalachnikov au bras. Quelqu’un s’est détaché du groupe et s’est avancé vers eux, rien n’indiquait, en lui, un officier, mais les autres le reconnaissaient comme tel.

– Mon armée révolutionnaire ! pensait Sihanouk et il a senti son cœur battre plus violemment. Enfin, je les vois.

Tout regret, toute inquiétude avait disparu, il est sorti de la voiture et s’est dirigé vers son peuple.

Celui qui commandait lui a fait un sampeah dans la plus pure tradition cambodgienne et le Prince en fut sensible.

– Nous vous attendions depuis si longtemps. C’est un jour historique dans les annales du Kampuchéa démocratique, Samdech Euv. Vous allez rejoindre Khieu Samphân, Hu Nim et Son Sen à K12, je suis chargé de vous y escorter.

Sihanouk l’a remercié. Il s’est baissé et a ramassé un peu de la terre khmère qu’il a embrassée. Sa joie était retombée, quelque chose clochait. L’hostilité palpable avec les Vietnamiens ? Les Cambodgiens avaient marqué leur indépendance en refusant que le convoi venant de Hanoï pénètre dans leur pays. Non, c’était plus grave que cela. Le salut avait été impeccable, mais sans chaleur, les autres agissaient sur ordre. Personne, hormis leur chef, ne semblait savoir qui ils escortaient. Le Prince a aperçu le caméraman et s’est efforcé de sourire. Il était de retour, il était heureux, il était un bon acteur. Et puis, il y aurait le bonheur de Monique. L’émotion serait là.

Ieng Sary les avait rejoints, il remplacerait le ministre vietnamien à leur côté. L’instant d’après, ils découvraient qu’ils allaient voyager en Mercédès ! Camouflée cependant, avec des feuillages.

Merveilleuse idée, s’est dit Sihanouk, cela montrerait la puissance de son mouvement, on était bien loin de la troupe de guérilleros se déplaçant nuitamment, à pied, en rampant parfois.

Merveilleuse idée, se disait Pol Pot, on verrait sur les écrans un résistant de pacotille et cela le décrédibiliserait auprès des vrais combattants.

Le film témoignerait du bonheur des retrouvailles. La première douche à la cambodgienne, une jarre pleine d’eau de pluie, l’ancien roi à moitié nu, les reins ceints d’un simple sarong, s’aspergeant avec délice de cette eau froide, pure, venue du ciel. La première accolade avec les dirigeants Hou Yuon, Hu Nim, Khieu Samphân, bien vivants, contrairement à ce que prétendait Lon Nol. Une séance de travail. La montée vers un temple à Angkor. Et Monique, en vedette américaine, dont le bonheur était si sincère, si éclatant. Vêtue à la Khmère, chemise et pantalon noirs, un krama en damier violet et blanc en foulard autour du cou, plus cambodgienne que jamais, plus occidentale que jamais. Elle n’avait rien du standard des mannequins, sa beauté était plus naturelle, plus jeune : elle avait trente-six ans et vivait un rêve d’enfant. Tout l’amusait, tout l’étonnait. Ils étaient logés dans un pavillon de bois, équipé de tout le confort moderne, bureau, salon, chambre à coucher. Il y avait même un jardin avec des orchidées. On leur servait de la cuisine française avec des baguettes de pain frais. « Notre Maison-Blanche », disait-elle.

Sihanouk n’osait la détromper. Il avait besoin de son sourire pour son film, de son bonheur pour croire encore en son destin, mais il avait compris. Il était venu pour renouer le lien avec son peuple et celui-ci était absent.

Il avait fait savoir à Kissinger que rien n’était fermé, qu’ils pourraient sans doute se voir après son voyage, qu’il souhaitait, d’abord, convaincre ses partenaires. Sur place, il s’est vite rendu compte qu’il n’y arriverait pas, que les communistes étaient, sur ce point, intraitables, qu’ils étaient sûrs de gagner la guerre. En fait, il a compris qu’ils avaient décidé d’un assaut final avant qu’il ne rentre à Pékin. S’ils échouaient, il n’y aurait pas de retour !

Les Khmers rouges ont lancé une grande offensive contre Phnom Penh. Elle a été écrasée sous le coup de boutoir de l’aviation américaine. Durant des jours, ils ont essayé, n’avançant ni ne reculant, subissant des pertes effroyables. Un massacre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *