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XIII - Page 5 sur 10 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XIII

Son Ngoc Thanh avait été repéré avec une centaine de partisans non loin de la Thaïlande. Un bataillon d’infanterie et un de parachutiste avaient aussitôt été dépêchés pour mener la traque. Les fugitifs avaient formé de petits groupes qui se déplaçaient à travers la jungle, en se dirigeant vers la frontière. Cela avait contraint l’armée cambodgienne à un semblable éclatement pour ratisser la forêt à leur recherche. On avait cependant gardé une réserve au poste-frontière d’O Smach qui pouvait être acheminée rapidement sur le lieu d’un combat soit par la route, soit par avion. Oum Savath et ses hommes partaient de la Thaïlande et fouillaient le secteur dans l’autre sens. On ne voyait rien, on ne percevait que la progression de ses camarades, la jungle s’était tue, retenant son souffle, attentif à ces êtres qui allaient s’entretuer. Le capitaine observait ceux qui étaient chargés de porter la lourde mitrailleuse. Ils peinaient pour suivre le rythme de la troupe et il se demanda de quel armement disposaient les thanhistes. Brusquement, il se jeta à terre, ainsi que ses hommes. Le claquement d’un fusil, un cri incompréhensible. Ils se regardèrent. Qui avait tiré ? Sur qui ? Apparemment, personne. Des bruits, plus assourdis, leur parvinrent de la droite comme les échos du premier. Se battait-on non loin d’eux ? Ils auraient bien voulu le savoir, ils n’en étaient pas vraiment convaincus, sans pouvoir expliquer pourquoi. Ils tendirent l’oreille à s’en faire mal, mais le silence était revenu. Savath supposa qu’un soldat (ou plusieurs) avait perdu son sang-froid. Il ordonna à son groupe de se relever. Kimsy l’avait rejoint et les hommes de Dap Chhuon se calèrent naturellement sur ceux du roi. Ils avancèrent ainsi durant une dizaine de minutes avant qu’un feu nourri n’éclate sur leur gauche. Cette fois-ci, cela semblait sérieux. Un instant, Savath écouta, regarda son homologue puis d’un signe de la tête indiqua qu’ils allaient se déporter vers la zone de combat. Ils se déplaçaient silencieusement, mais avec efficacité ; les anciens issaraks valaient ses propres soldats. Cela le rassura.

Bientôt, il fit signe de la main et tous se figèrent. Devant eux, un groupe important de Khmers sereis était bloqué dans sa progression par des parachutistes. Ils installèrent la mitrailleuse sans un bruit, les rebelles étaient en nombre, mais, les forces de l’armée régulière, dispersées un peu partout dans la jungle, entendraient le fracas de l’accrochage, les rejoindraient et appliqueraient la même manœuvre, se positionnant sans se faire remarquer avant d’ouvrir le feu à leur tour. Les partisans de Son Ngoc Than ne pouvaient leur échapper !

Une main qui retombe, l’automatique qui crache la mort, suivie immédiatement par les fusils-mitrailleurs, des hommes qui s’écroulent, des cris. Savath savoura sa première bataille sous uniforme cambodgien. En face l’ennemi s’était reformé pour affronter désormais une attaque sur deux fronts. Ils étaient vraiment nombreux, mais n’étaient plus en mesure ni d’avancer ni de battre en retraite. Bientôt, un troisième groupe viendrait leur enlever tout espoir.

Brutalement, Savath se rendit compte que des avions arrivaient dans leur direction, le ronronnement montait régulièrement, tandis que baissaient les tirs, chacun guettant le ciel. Le capitaine comprit que ceux qui avaient débusqué les rebelles, inquiets de leur infériorité numérique, avaient fait appel à des renforts. Il savait reconnaître les appareils à leur bruit.

– Des bombardiers ? se dit-il, affolé. C’est absurde. Nous sommes au contact de l’ennemi.

Fallait-il décrocher ? Ils n’avaient plus le temps de le faire, plus personne ne tirait, tous regardaient, incrédules, la mort qui s’avançait. Les avions passèrent sans réagir au-dessus d’eux dans un fracas assourdissant. La jungle soupira de soulagement.

Les bombardiers, cependant, trouvèrent rapidement leur cible et il y eut de violentes explosions qui ébranlèrent la terre. Savath et ses hommes virent une boule de flamme rouge monter du sol à un ou deux kilomètres. Le poste-frontière d’O Smach où des troupes régulières stationnaient en attendant de pouvoir intervenir venait d’être détruit. Ils regardèrent, hébétés, le désastre. Ils savaient qu’une partie de leurs camarades étaient restés là-bas en réserve. En face d’eux, les partisans de Son Ngoc Thanh, profitant de la confusion, avaient disparu.

Le groupe qui avait déniché les Khmers sereis avait effectivement demandé de l’aide en exagérant le nombre d’ennemis. Lon Nol, à l’arrière du côté de Siem Réap, croyant qu’ils ne pourraient pas tenir suffisamment longtemps pour permettre aux renforts d’arriver, ni par la route ni par parachutage, s’était rabattu sur un bombardement de la position des thanhistes. Une erreur, soit faite par les Français, soit due à la transmission des coordonnées par les Cambodgiens, avait provoqué la tragédie. Son Ngoc Thanh la mit à profit, nombre de ses partisans franchirent la frontière, profitant de la confusion. L’armée s’acharna à les poursuivre, mais ils étaient désormais insaisissables. Quand on arrivait dans un village où ils avaient été signalés, ils avaient déjà déménagé et les soldats n’avaient plus qu’à piller et incendier les maisons sous couvert de représailles, à la grande joie de Kimsy et de ses hommes, au grand désespoir d’Oum Savath qui n’avait pas autorité sur eux.