L’année 1941 fut une année déterminante, chacune des trois nations de l’Axe prit une décision lourde de conséquences.
Les Italiens se lancèrent en octobre 1940 dans la conquête de la Grèce depuis l’Albanie qu’ils occupaient, 85 000 hommes équipés de l’armement le plus moderne contre 35 000, essentiellement de l’infanterie. C’était oublier le terrain, trop montagneux pour les chars, et le courage des Grecs, et en janvier 1941, les agresseurs parvinrent à stabiliser le front très loin de la frontière, mais en Albanie. Les Grecs demandèrent l’aide des Anglais pour parachever leur poussée offrant à Mussolini la possibilité d’appeler les Allemands à la rescousse et de gagner ainsi la guerre.
Ce fut en 1941 également que ces derniers lancèrent l’opération Barbarossa, c’est-à-dire l’invasion de l’Union soviétique, mais compte tenu de l’affaire grecque, Hitler décala de trois mois l’offensive à l’Est. Ce retard allait lui être fatal à cause de l’hiver.
Pour les Japonais aussi, ce fut le moment des grandes décisions. Ils ne progressaient plus en Chine dont ils contrôlaient – avec beaucoup de difficultés – le nord et le centre du pays, mais subissaient de la part des États-Unis et des Pays-Bas un embargo total sur le carburant et l’acier, tandis que son adversaire avait des facilités commerciales pour ses approvisionnements. Il fallait choisir entre renoncer ou poursuivre en s’emparant de nouvelles ressources au risque d’une extension du conflit. Là encore, deux options possibles : attaquer la Russie d’Asie en conjonction avec les Allemands ou alors se lancer en direction des mers du Sud (la péninsule malaise et les Indes néerlandaises), riches en pétrole, en minerai, en caoutchouc, avec la certitude de voir les États-Unis entrer en guerre. Une commission d’experts japonais ne laissa aucun doute quant à l’issue désastreuse d’un affrontement avec les Américains.
Pourquoi choisirent-ils le Pacifique ? Sans doute, parce que le conflit franco-siamois avait ouvert, en faisant de la Thaïlande une alliée (elle était jusqu’alors proche des Anglais), la voie vers la Birmanie et la Malaisie. Ce conflit oublié a détourné la furia japonaise vers les mers du Sud comme un paratonnerre la foudre. Ainsi, Sihanouk, par sa signature, changea le cours de l’Histoire[4].