Mais ceci est un roman historique et l’histoire d’une nation ne se termine pas lorsqu’elle acquiert son indépendance et dans l’euphorie de cette liberté retrouvée, Sihanouk et consorts ne connaîtront pas le bonheur sous la Bonne Loi pour deux mille cinq cents ans.
Lui, qui, dans le chapitre précédent, s’inquiétait d’avoir accompli son destin alors qu’il n’avait que trente ans, ignore que la prédiction faite à sa naissance n’est pas réalisée, que de nouveaux ennemis vont essayer de le détruire, que les anciens n’ont pas disparu.
Quant au récit eschatologique la prophétie de Bouddha, il ne décrit pas les horreurs de la Seconde Guerre mondiale ni celles de la décolonisation. Il y aura plus terrible !
Donc, après le mot « F I N », cela continue.
Mais quelque chose a changé, ce n’est plus une histoire achevée, archivée. Je suis né en 1954 et je suis contemporain de ce qui va suivre. Qu’ils soient réels ou fictifs, je me souviens de l’impact dans ma vie de ces faits, de ma réaction en les apprenant, de choses que l’on ne trouve dans aucun journal, aucun livre. Je peux en caresser du doigt les cicatrices dans mon âme.
En particulier ce Noël 1965, où, parce qu’un enfant était venu au monde deux mille auparavant, il y a eu une trêve dans la guerre du Viêt Nam. Quarante-huit heures sans que les armes parlent ! Nouvelle insignifiante, mais le petit garçon que j’étais avait rêvé très fort, cette nuit-là, d’une ONU décrétant le 25 décembre journée de la Paix, vingt-quatre heures durant lesquelles toute violence serait bannie.
J’en rêve encore et Noël sera toujours pour moi ce Jour de la Paix.
Dans la réalité, la trêve a été reconduite d’année en année et elle durait chaque fois plus longtemps.
Carte du Cambodge