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XII - Page 6 sur 15 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XII

L’ancien exilé avait d’autres projets. Il déclina le poste de ministre des Affaires étrangères qu’on lui proposait. Le cadavre commençait à empester et, en bon charognard, il attendait qu’il soit à point. Appartenir à un gouvernement qui avait été mis en place légalement, c’est-à-dire avec l’accord de Paris, au cours d’élections que les Khmers vietminhs avaient condamnées, c’était oblitérer son devenir après la défaite du corps expéditionnaire français.

Les États-Unis étaient en train de changer de politique en Indochine, désormais ils recherchaient des patriotes reconnus et anticommunistes pour remplacer la France dans la défense des nations formant l’Indochine[3]. Ils entrèrent en contact avec lui.

– M. Son Ngoc Thanh, Sihanouk n’est plus crédible, il est trop francophile. Par malheur, les troupes khmères issaraks se sont, pour la plupart, ralliées aux Forces armées royales khmères (FARK), du coup nous n’avons qu’une résistance marxiste, en d’autres termes prosoviétique. L’Amérique est en quête de vrais nationalistes pour assurer la relève le jour où la France se retirera.

Son Ngoc Thanh écoutait patiemment les remarques de l’attaché militaire américain. Il partageait largement ses analyses, Dap Chhuon et les autres avaient laissé la revendication d’indépendance aux Khmers vietminhs. Il était essentiel de reconstituer un maquis sans obédience à Moscou. Il rejoignit la rébellion armée dans les monts Dangrêk, dans la forêt de Siem Réap, le 9 mars 1952. Ce fut la création des Khmers sereis, en français des Khmers libres.

Phnom Penh avait enfin son Chasseloup Laubat. Les « sections françaises » du lycée Sisowath avaient migré dans un bâtiment tout neuf de trois étages, entouré d’une magnifique pelouse et de quelques arbres qui ne demandaient qu’à grandir à l’instar de l’institution. En octobre 1950, 252 élèves remplissaient les classes du lycée René Descartes. Des enseignants venus de métropole assuraient un niveau qui n’avait à rougir devant aucun autre établissement. Outre les Français, l’école accueillait toute la nomenklatura cambodgienne. Comme son homologue à Saïgon, elle organisait de nombreuses festivités tout au long de l’année et Sihanouk faisait très attention pour se libérer et y participer, mais quand il reçut l’invitation, il eut un mouvement d’humeur. On lui demandait de présider à l’élection de Miss UNESCO.

– La France a montré son impuissance à vaincre le Viêt Minh à Hoà Binh, le général de Lattre qui incarnait le renouveau du corps expéditionnaire est mort, l’unité nationale, si difficilement préservée depuis 1945, vient de voler en éclats, chaque jour, on annonce de nouveaux ralliements, d’importantes défections dans l’armée royale au profit des Khmers sereis, la guérilla devient de plus en plus audacieuse, mais Phnom Penh se passionne pour savoir qui sera Miss UNESCO !

Sa femme, Mam Manivan Phanivong, souriait de le voir pester, tout en s’habillant. À trente ans, le monarque avait bien du charme dans son costume bleu canard, il avait un peu (beaucoup) d’embonpoint, mais gardait de beaux cheveux noirs légèrement ondulés, il restait toujours aussi vif et énergique. Elle avait choisi le jaune or comme couleur dominante, des chaussures pointues à talon, un sampot et un haut osé qui lui découvrait une épaule. Ses dix-huit ans resplendissaient. Elle s’était néanmoins patiemment maquillée, soulignant ses lèvres pulpeuses d’un rouge agressif et accentuant l’amande de ses yeux avec un crayon noir en ivoire, des diamants – elle adorait ces pierres et en avait en bagues, en colliers, en boucles d’oreille et sous la forme d’un diadème dans sa chevelure – renforçaient l’éclat de sa peau. Elle se laissa embrasser par son mari, puis prit soin de lui essuyer la bouche. Il protesta, souhaitant aller à la réception avec la trace de ses amours, et fit mine de vouloir recommencer, mais trois doigts malicieux arrêtèrent son mouvement et il ne put que déposer un baiser sur cette barrière.

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