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XII - Page 10 sur 15 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XII

Cette nuit-là, Mam Manivan Phanivong eut la joie de voir le roi revenir vers elle. Une servante l’avait réveillée pour lui annoncer que Sa Majesté était là à la porte de son appartement et qu’elle sollicitait une entrevue avec elle. Elle se leva aussitôt bien que ce soit aussi tôt, mais, croisant son reflet dans un miroir, elle se rendit compte qu’elle n’était guère présentable.

– Accueillez le roi, faites-le attendre dans le petit salon, dites-lui que je me hâte. Vérifiez s’il a mangé. Proposez-lui ces biscottes au foie gras qu’il aime tant, offrez-lui ce bordeaux dans lequel a trempé une racine de ginseng qu’il boit avec délectation, s’il n’est pas trop tard. Bouddha, quelle heure est-il ?

Mam Manivan Phanivong, malgré toute sa beauté, tirait sa fierté du soin qu’elle portait à son image. Jamais le roi ne l’avait vue sans qu’un coup de crayon magique n’ait accentué la volupté de ses lèvres, approfondi son regard, sans qu’un peu de fard n’ait rehaussé ses joues. Elle se levait bien avant lui – pourtant il dormait peu – et s’apprêtait afin qu’il ne soit pas déçu à son réveil. Mais cette nuit-là, elle était prise à la gorge par le temps. Si elle tardait trop, il pouvait se lasser et aller frapper à la porte d’à côté, mais si elle se hâtait trop, elle pouvait se rater. Par bonheur, il était toujours là quand elle fut prête, buvant son vin, l’accompagnant de quelques toasts, et son expression ravie montrait qu’elle n’avait rien perdu de son charme. Lorsqu’il la prit dans ses bras, elle sut qu’il redécouvrait la jouissance qu’offre une femme jeune et pourtant expérimentée. Rien à voir avec l’immaturité d’une fillette ! Monique l’avait peut-être fait fantasmer par sa candeur, mais ce soir, ils étaient de nouveau réunis et le règne de la petite écolière n’aurait duré que quelques mois. Cette nuit-là, Mam Manivan Phanivong fit le nécessaire pour avoir un enfant, pour garder le roi par le plaisir… et la paternité. Elle hésitait sur le sexe de son futur bébé. Un fils était toujours apprécié des hommes, mais Sihanouk en avait tant. Une fille plutôt, il les adorait. La princesse Bopha Devi dansait divinement et était à 9 ans, et ce depuis près de trois ans, une ballerine royale. Quant à Kantha Bopha, seule sa maladie avait empêché de faire d’elle la prima donna du Cambodge. Sihanouk, lui, songeait à Monique, il n’avait pas pu aller la retrouver, car il se faisait tard et elle n’habitait pas le palais. Pourtant, il aurait voulu se confier à elle, revoir, refaire, en lui parlant, la séance du conseil restreint qu’il venait de quitter.

Tous étaient présents : ses parents, Suramarit et Kossamak, ses oncles, Monireth et Monipong, et ses trois fidèles, Penn Nouth, Lon Nol et Nhiek Tioulong. Sihanouk nota combien chacun s’enfermait dans son rôle. Sa mère et Monireth étaient des politiques, Penn Nouth, l’administrateur, se veillait à la régularité des mesures, Lon Nol, lui, par amitié et dévotion, était beaucoup moins regardant – Sihanouk étant le roi, toutes ses décisions étaient légales –, quant aux autres, ils ne prenaient la parole que pour calmer les débats, faisant de temps en temps des remarques, jamais des récriminations. Comme il s’y attendait, on critiqua sa passivité et ce fut, bien entendu, son oncle Monireth qui s’en chargea.

– Enfin vous voilà ! Votre silence a été terrible. Il faut à tout prix condamner l’attitude des Français. Quoi que l’on puisse reprocher aux forces khmères, l’intervention française est une insulte à notre armée et au pays tout entier.

Tous approuvèrent. À cet instant, Sihanouk se rendit compte du chemin qu’il avait parcouru. Ainsi, personne ne semblait voir le piège dans lequel ils étaient enferrés tant ils étaient indignés. De la part de Monireth qui était très attaché à l’honneur militaire, ce n’était pas surprenant. Et puis, Sihanouk n’était plus si sûr de sa loyauté, il savait que s’il tombait, ce serait lui qui ramasserait la couronne. Mais il était déçu par sa mère. Il décida de jouer la dramatisation de la situation.

– La France, dit-il, ne peut plus tolérer le soutien de la Chambre et du Gouvernement aux rebelles thanhistes. Elle a déjà essayé, en vain, de mettre un terme à ce maquis. Désormais, elle pourrait s’attaquer aux démocrates et agir contre le Parlement en envoyant la troupe !

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