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XXI - Page 14 sur 23 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XXI

Réveil, 5 h du matin. Une cloche appelle tout près. Alors, toute proche, une seconde retentit comme en réponse. D’autres suivent d’un peu partout. Combien de minuscules villages se sont-ils ainsi développés dans ces lieux accidentés loin des bombes américaines ? Il fait très froid sous les arbres. On est sous les tropiques, mais ils sont dans la chaîne des Cardamomes, pas loin du Phnum Aoral, le point culminant du Cambodge, dont l’altitude voisine les 1 800 mètres. Même si en mai la température peut atteindre trente degrés en plaine, ici, elle est glaciale et peut descendre à dix dans la nuit, ne pas dépasser les dix-huit de la journée. Ramsey frissonne de fièvre, les enfants refusent de quitter leur couverture, Oum Savath tousse, seuls Rithy et Keo tiennent le coup. Ils ramassent en toute hâte quelques morceaux de bois et allument un feu pour se réchauffer.

La cloche sonne à nouveau, plus longuement cette fois. Les anciens du village, la base de la révolution khmère, partent aux champs de la coopérative. Il fait jour maintenant et il ne reste que le nouveau peuple. Deux cents. Un garde vient les prévenir.

– Rassemblez-vous devant le bâtiment, Bâng Sy (Frère Sy) va conduire une réunion.

Mith Sy, entouré d’une demi-dizaine d’hommes en arme, les accueille, plus sévère que jamais. Il leur fait donner des coupe-coupe et des haches, puis il montre les arbres tout autour.

– Vous allez apprendre la vie rude des paysans. Il faut que vous ayez un toit. Angkar va vous assigner une parcelle de territoire. Vous avez trois jours pour bâtir votre maison. Allez dans la forêt, taillez le bois nécessaire. Le pays est généreux avec ses enfants, vous y trouverez tout ce dont vous avez besoin pour édifier un domicile modeste, comme il sied à un vrai Cambodgien. La case doit être de quatre mètres sur cinq au maximum et être sur pilotis, avec un escalier de trois marches pas plus.

On commence à débiter des arbres pour bâtir les abris. Oum Savath étant vieux et Vithara trop jeune, Rithy est le seul capable d’en abattre, tous néanmoins se rendent utiles en coupant et en taillant le bambou. Le travail progresse bien et ils sont contents de la quantité de bois obtenue dans la journée. Ils n’ont ni clous ni fil de fer, ils apprennent à attacher les planches à l’aide de lianes. La nuit, tant que les demeures ne sont pas construites, ils dorment chez des habitants ou dans le bâtiment de la coopérative. Quand tout est fini, ils sont fiers de leur œuvre. Les maisons sont simples et belles, conformes aux instructions d’Angkar. Quelques troncs définissent la charpente, des bambous et des joncs entrelacés constituent les murs, d’autres en lamelles sont utilisés pour le sol. La cabane des Oum profite du feuillage d’un arbre pour ne pas trop souffrir des averses et du vent. Un sentiment d’euphorie se saisit d’eux.

Ils ont bâti, eux-mêmes, leur maison. Comme Robinson Crusoé ! Quand la nuit tombe, il y fait aussi froid que s’ils étaient sans abri ; s’il pleut, c’est pire et le cours de la bâche en plastique grimpe en flèche ! L’habitat s’améliorera avec le temps, il suffit parfois d’un peu de boue pour boucher un trou et avoir plus chaud, un peu d’herbe et de paille sur la toiture pour la rendre plus étanche, trois pierres pour faire un foyer. Les anciens, en riant, les aident de leurs conseils.

On leur explique également comment noircir les tissus avec les colorants qu’offre la nature, écorce d’arbre, feuilles, etc. Le changement passe aussi par là.

Maintenant qu’ils ont un abri et un habit, il faut qu’ils participent à la vie du village. La révolution avance à grands pas. Tout le monde doit s’y mettre. Les adultes sont regroupés par équipe, les hommes pour des besognes physiques comme débroussailler, creuser, labourer, les femmes pour planter, moissonner. Mith Sy insiste pour que chacun se rende utile :

– Les mères avec de jeunes enfants, les vieux, les handicapés peuvent s’occuper à la coopérative à des tâches simples comme garder les animaux, nettoyer la cour. Même un malade peut participer s’il n’essaie pas de profiter de son état !

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