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XI - Page 4 sur 18 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XI

– La situation tourne à notre avantage. C’est nous, la famille royale, vous et moi en particulier, qui négocions le nouveau traité avec la France, Penn Nouth au gouvernement nous facilite la tâche et l’Assemblée est muette, divisée et déconsidérée aux yeux de la population. C’est une bonne chose. Nous avons devant nous de difficiles tractations au sujet de notre futur statut. À devoir faire des promesses démagogiques pour complaire aux uns et aux autres, on se lie les mains dans une discussion.

Monipong et Monireth, se souvenant des débuts chaotiques de leur neveu, étaient sous le charme et Sihanouk savait qu’il pouvait compter sur eux, mais il y avait toujours un doute sur l’aîné, aussi les négociations avec la France sur l’indépendance se poursuivaient sous la responsabilité du premier. On espérait beaucoup.

– Lors de mon séjour en France en avril, j’ai pu m’apercevoir que l’on y était moins certain de la victoire qu’à Saïgon. Le corps expéditionnaire leur coûte une fortune, on avance le chiffre d’un milliard par jour et les résultats sont insignifiants. Les Français ont besoin des Américains pour financer tout cela. Or, ceux-ci ne veulent pas soutenir de guerre coloniale. Par contre, ils sont anticommunistes. La seule solution pour la France est de nous donner assez de liberté pour satisfaire les Américains et transformer leur conflit en une lutte de nations indépendantes menacées par les Soviétiques.

Il se tut. Ses deux oncles le regardaient en silence. Ils sentaient son malaise, cette difficulté à dire ce qu’il avait à dire. Pourquoi était-il si hésitant ? Enfin, Sihanouk se lança :

– Au Viêt Nam, ils ont rappelé l’empereur Bao Daï, mais celui-ci impose ses conditions, notamment la réunion des trois Ky[4], c’est-à-dire l’annexion de la Cochinchine.

Sihanouk poussa un profond soupir. La Cochinchine faisait partie de ces rêves fous qu’ont parfois les peuples. C’était le berceau des Khmers, les premiers Annamites y étaient arrivés, fuyant la guerre chez eux, et ils furent accueillis dignement par le roi cambodgien Chey Chetta II. Quelques siècles de déclin plus tard, la région était vietnamienne.

– Il y a une petite confusion dans nos têtes, dit-il, nous n’avons jamais reconquis le Bas-Cambodge et, avec le temps, nous n’avons plus de légitimité sur ce pays. Les Français ont besoin de nous, de notre accord sur la réunion des trois Ky. À nous de bien le monnayer. Il vaut mieux négocier au prix fort l’abandon de ce que nous n’avons plus que de tout perdre en le revendiquant.

Ses oncles pâlirent. Leur neveu avait raison, mais le formuler était une folie ! Quant à en porter la responsabilité ! Monireth murmura :

– Dire que j’enviais ce pauvre Penn Nouth !

Penn Nouth ! Il était président du Conseil, ce serait donc lui qui signerait cet abandon. Sachant sa loyauté envers son souverain, il accepterait. En découvrant la réaction de ses proches, Sihanouk réalisa qu’il ne pouvait, lui, voir son ami ainsi déshonoré. Au Cambodge, nul n’ignorait le lien fort qui les unissait et la boue remonterait jusqu’à lui. Puisque c’était le Premier ministre qui serait le responsable et que cela ne pouvait être Penn Nouth…

– Il faut que les démocrates reviennent au pouvoir, annonça le roi.

Ce ne fut pas si compliqué. Ils étaient si mal en point que Sihanouk put choisir lui-même qui serait président du Conseil et s’assurer que celui-ci ne pourrait rien lui refuser. Yem Sambaur était le candidat idéal. Ancien policier, ancien ministre de l’Intérieur, il avait, à ce poste, détruit tous les dossiers concernant les malversations des députés, montrant ainsi qu’il était prêt à tout pour se faire des obligés en politique, provoquant le schisme dans son parti, détesté depuis par une grande partie des siens. Il ne pouvait être nommé, obtenir la confiance de l’Assemblée, diriger le pays, qu’avec la bénédiction de son souverain et le soutien des libéraux, en plus de celui des élus corrompus. Il accepta sans hésiter de porter la responsabilité de cette cession qui heurtait tant le nationalisme khmer. Le roi ne fit que prendre acte de la volonté gouvernementale et parlementaire et émit même des réserves.

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