Warning: Constant MULTISITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 83

Warning: Constant SUBDOMAIN_INSTALL already defined in /htdocs/wp-config.php on line 84

Warning: Constant DOMAIN_CURRENT_SITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 85

Warning: Constant PATH_CURRENT_SITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 86

Warning: Constant SITE_ID_CURRENT_SITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 87

Warning: Constant BLOG_ID_CURRENT_SITE already defined in /htdocs/wp-config.php on line 88

Warning: Constant WP_CRON_LOCK_TIMEOUT already defined in /htdocs/wp-config.php on line 96
XVII - Page 12 sur 15 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XVII

Un humoriste a écrit que si l’on pouvait mourir jeune, on pouvait naître vieux. C’était le cas de Moustic. Il devait son surnom à sa taille et à son poids qui étaient un pied de nez aux normes de croissance, sa tête elle-même n’était pas bien grosse et même sa voix était faible et aiguë. On aurait dit un petit rat, mais, heureusement pour lui, il avait eu ce diminutif plus gracieux, quoiqu’il s’agisse toujours d’un nuisible. Comme, en plus, il était souvent malade et toussait facilement, il jouait peu, courait encore moins. Il était plutôt solitaire, lisait beaucoup.

Il a eu cependant une enfance comme les autres, mis à part ces instants, où, assis dans l’ombre, il observait son père qui travaillait à son bureau. Tôt le matin, un peu après cinq heures, habillé d’une culotte et d’un simple tricot, son corps emmagasinant de la fraîcheur pour les heures chaudes, il se levait et se postait ainsi. Sa mère était à l’étage et s’activait. Elle faisait sa correspondance, son programme de la journée et préparait le petit déjeuner. Ses frères dormaient. Toute sa vie, Moustic se souviendrait de ces matins où il veillait sur son père, guettant les signes de faiblesse, prenant régulièrement son pouls d’un regard appuyé, afin de se rassurer. Parfois, la nuit, l’angoisse se transformait en cauchemar, mais à cette heure du jour, c’était un flot d’amour qui envahissait le petit être et finissait en larmes silencieuses le long de ses joues. Son père, penché sur le bureau, lisait tous les articles, une grosse loupe à la main – son diabète avait provoqué une cataracte et il était en train de devenir aveugle – rectifiant les derniers détails avant que le journal ne soit envoyé à l’imprimerie pour être ensuite vendu avant midi. Moustic admirait les cheveux plus sel que poivre, le front haut, le sérieux avec laquelle le travail était fait, les énormes lunettes qui déformaient ses traits quand on le regardait dans les yeux. Malgré sa vue qui dégénérait, malgré sa santé plus que fragile, il se battait pour eux, car lui, Moustic, était trop petit pour le faire. L’aube dégageait petit à petit la pénombre.

Georges avait fini, il a levé la tête et instinctivement, son fils s’est jeté en arrière pour se fondre dans le noir, bien que ce soit inutile. Le journaliste n’avait pas remarqué sa présence. Il était heureux seulement d’avoir terminé un peu plus tôt, de s’offrir ainsi quelques minutes pour reprendre son souffle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *