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XIII - Page 3 sur 10 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XIII

Le 15 juin au petit matin, la première émission de la radio diffusa la déclaration royale. Sihanouk annonçait au peuple le renvoi de M. Huy Kanthoul et sa propre nomination en tant que Premier ministre. Le pays, disait-il, est au bord du gouffre, le Conseil précédent ayant été celui de la division et de la lâcheté. Il promettait, lui, avec l’aide d’un gouvernement d’union, allant des démocrates à la droite libérale, de pacifier le territoire, de faire des réformes, d’assainir les finances publiques et surtout de faire du Cambodge un État souverain.

– Sachant la nation derrière moi, je m’engage à vous apporter l’indépendance, entière, sans concession dans les trois ans à venir, engagement que ni M. Son Ngoc Thanh ni M. Son Ngoc Minh ne peuvent vous faire.

Trois petites années, le temps de finir la législature, pour concrétiser le rêve de tous.

– Demain, je convoquerai le Parlement et je réclamerai, en votre nom, la confiance.

Le 16, l’Assemblée fut réunie. Après avoir fait son discours et avoir sollicité l’adhésion des élus, Sihanouk quitta solennellement la salle pour les laisser en débattre avec un représentant du nouveau gouvernement, en l’occurrence Penn Nouth. Dehors, les troupes françaises patrouillaient pour « protéger » la Chambre.

Ce fut là qu’eut lieu le seul accroc à son plan et cela ne vint pas de ses adversaires, mais d’un excès de zèle de ses amis. Comme un député démocrate eut le courage, malgré la présence de soldats, de contester la nomination de Sihanouk :

– Le roi ne peut pas être président du Conseil, car, dans une monarchie constitutionnelle, il règne, mais ne gouverne pas. Il est le garant de l’unité nationale, de l’intégrité du pays et de la continuité de l’État, rôle qu’il ne peut plus tenir dès lors qu’il entre dans l’arène politique.

un député du parti libéral, excédé, prit la parole et développa un argument très singulier :

– Ce débat est d’un ridicule ! Le roi a-t-il ou n’a-t-il pas le droit de se nommer lui-même président du Conseil ? Doit-on ou ne doit-on pas voter la confiance au monarque ? En réalité, Messieurs, nous n’avons rien à discuter. L’article 21 de notre constitution est clair là-dessus « Tous les pouvoirs émanent du roi » et le propos est réaffirmé dans les articles 22 « Le pouvoir législatif est exercé au nom du roi par l’Assemblée nationale », 23 « Le pouvoir exécutif est exercé au nom du roi par les ministres » et 24 « Le pouvoir judiciaire est exercé au nom du roi par les tribunaux […] ». Puisque tous les pouvoirs nous viennent de lui, il peut à loisir exercer directement tous ceux qu’ils jugent utiles.

Applaudissements nourris sur les bancs de la droite. Mais dans les travées démocrates, on vit le parti que l’on pouvait en tirer. Le Parlement valida donc le nouveau gouvernement au nom de l’article 21. Il ne votait plus la confiance au roi, permettant ainsi aux irréductibles de ne pas se mettre hors-la-loi et aux autres de ne pas se déshonorer, mais affirmait que celui-ci pouvait violer constitutionnellement la Constitution puisqu’il pouvait, quand il le voulait, aussi longtemps qu’il le voulait, retirer au peuple le ou les pouvoirs qu’il voulait ![1]

Cela ne troubla pas Sihanouk. L’important était d’obtenir le feu vert de la Chambre à une large majorité et il l’avait eue à une timide unanimité. De toute façon, l’Assemblée pouvait redevenir hostile, il dirigerait par décret.

Maintenant qu’il avait tous les pouvoirs, il fallait montrer à la France que, même si on revendiquait une pleine indépendance, on restait son allier, un allier efficient, car en phase avec son peuple. Pour cela, on devait rétablir l’ordre. On commencerait par le maquis des Khmers sereis, là où le corps expéditionnaire avait échoué.