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XVIII - Page 7 sur 16 - Les 9 vies de Norodom Sihanouk

XVIII

Les dix-sept délégués, qui s’étaient réunis en février 1963 dans un appartement près du marché central pour le deuxième congrès du parti communiste cambodgien, étaient déprimés. Ils avaient découvert la disparition de Tou Samouth. Nuon Chea en avait fait l’éloge.

– Il a été trahi, mais n’a pas trahi. Camarades, songez que nous apprenons seulement maintenant son enlèvement. S’il avait parlé, Sihanouk aurait eu largement le temps de nous faire périr. Je vous demande une minute de silence en sa mémoire.

Tous se sont levés, unis dans la douleur et l’angoisse, la douleur d’avoir perdu le meilleur d’entre eux, l’angoisse de ne pas connaître le nom du judas.

– La trahison ne venait peut-être pas de chez nous. Notre chef revenait de Hanoï.

Nuon Chea a essayé de calmer la situation.

– Vous ne pouvez pas accuser ainsi un parti frère, sans preuve ! Par une remarque anodine et assassine.

Mais le délégué ne s’en laissait pas conter.

– Mon cher Nuon Chea, j’ai le droit de douter. D’ailleurs, VOS camarades vietnamiens ne sont pas des traîtres, ils agissent au mieux de leurs intérêts, ils ont raison d’aider Sihanouk si ce dernier les soutient. Et je vous reconnais celui de défendre VOS amis surtout après qu’ils vous ont offert votre maison.

Le débat dérapait. Nuon Chea est resté un moment muet, déstabilisé. Il a bredouillé « c’est ignoble » avant de se reprendre :

– L’argent de Hanoï a été donné au Parti, parce que le Nord-Vietnam appuie notre cause ! Avec cette somme, l’Organisation a acheté des logements pour ses militants, pour ma famille et moi-même et pour tant des nôtres.

Mais un chien, surtout communiste, ne lâche pas facilement son os. Les délégués se déchiraient, la plupart trouvaient que ce n’était ni plus ni moins que du dénigrement, mais les autres multipliaient les questions « Qui avait perçu les fonds ? Qui était officiellement propriétaire de la maison ? Qui en était le responsable côté vietnamien ? Quel en était le montant ? »

À un moment, Saloth Sâr a jugé la partie jouée, il a demandé à ses camarades de retirer leurs accusations.

– Vos attaques sont calomnieuses. Que vous doutiez de la sincérité des Nord-Vietnamiens, c’est votre droit ; ce n’est pas la position du Parti, mais c’est votre droit ! Que vous doutiez d’un militant à qui l’on ne peut rien reprocher, c’est grave ! Je vous invite donc solennellement à vous excuser. La perte de notre leader et le désarroi dans lequel cela nous plonge peuvent, seuls, justifier votre attitude.

Les délégués incriminés ont obtempéré immédiatement et ont fait profil bas, comme si c’était un ordre. Le débat était clos. Personne n’avait remarqué l’autorité avec laquelle Saloth Sâr, pourtant numéro trois, avait parlé pour défendre son supérieur hiérarchique. On a abordé ensuite le choix du nouveau secrétaire général. En tant que numéro deux, Nuon Chea aurait dû être désigné.

– Je propose que ce soit Pol Pot, dit So Phim.

C’était un vieux militant respecté, un ancien paysan, un des cinq membres fondateurs du parti. Il tenait la zone Est et n’avait aucune ambition politique, pensant que son manque d’éducation le disqualifiait. S’il avait pris la parole, c’était de manière tout à fait désintéressée. Il avait senti que la personnalité de Nuon Chea divisait et il souhaitait un consensus. En intervenant immédiatement, il mettait un terme aux débats, il empêchait ce dernier de faire acte de candidature et de relancer la polémique stérile à laquelle il venait d’assister.

Sa proposition a aussitôt été acceptée et Saloth Sâr, que la plupart ne connaissaient que sous son nom de guerre de Pol Pot, s’est incliné.

– Je serais fier de remplir cette mission, mais Nuon Chea doit être mon adjoint. Je voudrais que ce congrès exprime ainsi la confiance que nous gardons tous à notre camarade. Les échanges très mortifères que nous avons eus n’ont, je le rappelle, d’autre excuse que la perte de notre cher Tou Samouth.

Tous les délégués ont approuvé. Nuon Chea a même remercié le nouveau numéro un qui venait de lui redonner son honneur et une place non négligeable au sein des communistes. Ieng Sary et So Phim ont été à leur tour désignés pour compléter le Comité central. Pol Pot avait de quoi être satisfait, le parti était entre ses mains, mieux, avec son beau-frère en numéro trois, c’était presque une affaire de famille. En tant que secrétaire général, il a pris la parole pour analyser le contexte politique.

– Le pays se réveille !

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